Un métier pour aider les animaux = océanographe avec François Sarano

UN MÉTIER POUR AIDER LES ANIMAUX = Océanographe (avec François Sarano)

À la fois plongeur professionnel et océanographe, François Sarano aime autant être sous l’eau avec les animaux marins… que sur terre, pour raconter ce qu’il y a découvert ! Explorateur passionné et passionnant, cet ami des cachalots, des dauphins et des poissons nous dit tout de son métier.

Bonjour François ! Qu’est-ce qui vous a amené à étudier les animaux marins ?

Petit, j’ai eu la chance d’avoir des parents qui ont laissé libre cours à ma curiosité. Aussi loin que remontent mes souvenirs, je suis dans l’eau avec un masque… et je regarde les poulpes, ces animaux extraordinaires ! Très tôt, j’ai été fasciné par les animaux mais aussi par le milieu liquide : par exemple, quand on se fait prendre dans une vague, le mieux est de se laisser porter comme les poissons pour ne pas taper contre les rochers. Jouer à être poisson vous donne envie de comprendre les poissons, et de les connaître ! 

Plus tard, j’ai été professeur de sciences naturelles (SVT) dans un collège, mais après une année d’études en océanographie, j’ai décidé d’en faire mon métier : j’ai travaillé aussi bien comme conseiller scientifique, par exemple du réalisateur Jacques Perrin pour le film Océans, qu’aux côtés de l’explorateur Jacques-Yves Cousteau.

Quelles études faut-il faire pour devenir océanographe ? Et pour devenir plongeur ?

J’ai fait l’équivalent d’un master océanographie, puis une thèse de doctorat. Après avoir embarqué sur la Calypso (le bateau de Jacques-Yves Cousteau), il a aussi été nécessaire de passer un diplôme de plongeur professionnel, ce qui n’est pas la même chose qu’être moniteur de plongée. La plongée professionnelle est très technique : on apprend à faire du marteau piqueur, à déboucher des égouts, à plonger dans différents milieux… Ce sont des métiers passionnants, et qui nécessitent de travailler en équipe : un aspect fondamental de mon métier.

Pourriez-vous décrire une journée type de travail ?

Il n’y a pas de journée type : cela dépend de l’état de mes recherches ! Il y a d’abord une étape de préparation. En ce moment, j’étudie les cachalots : avant de partir sur le terrain je prépare le sujet, je définis les questions qu’on va se poser. Par exemple, je peux me dire que je veux me concentrer sur l’activité ludique des cachalots : quand jouent-ils ? Utilisent-ils des objets ? Puis, je prépare tout le matériel nécessaire : une petite caméra, des micros sous-marins, etc. 

Après, lorsque je suis sur place, je suis chaque jour sur le bateau avec l’équipe. Avant de plonger, on essaye de repérer les cachalots, parfois avec des jumelles. Puis on s’approche, sans les déranger évidemment, on se glisse à l’eau et on attend qu’ils viennent vers nous. Alors, il faut être respectueux, discret, patient, bienveillant… pour que les cachalots puissent vous accepter comme l’un des leurs. Et là, vous regardez les animaux… « Tiens, Roméo est allé prendre cette algue, il commence à jouer avec ! Ouhlà, dis donc, Arthur veut la lui prendre… Que va-t-il se passer ?

Au bout de 3 semaines, je ramène ces informations en France et je les analyse. Je remarque que… Eliot joue toujours avec Tache blanche, pas avec Arthur et Roméo ! Et que Roméo, c’est vraiment lui le plus joueur, il veut toujours jouer avec les troncs d’arbres ou les seaux. Enfin, je dois écrire sur ces découvertes pour les transmettre au grand public. 

Quelles ont été vos rencontres les plus marquantes sous l’eau ?

J’ai croisé tant d’animaux fabuleux. J’ai par exemple eu la chance de voir plusieurs argonautes : chez ces animaux, cousins des poulpes, la femelle maintient ses œufs sur sa tête et construit pour les soutenir une nacelle en calcaire, très fine, très jolie. Puis, elle se laisse emporter par les courants. Lorsqu’on la voit, elle apparaît comme un vaisseau spatial. C’est magnifique, car ses tentacules enveloppent la nacelle d’une membrane colorée, un peu comme un kaléidoscope, elle change de couleur, bleu, rose, mauve… 

Et bien sûr, il y a eu Eliot le cachalot, qui un jour est spontanément venu à ma rencontre… Il est venu m’apprivoiser, en dansant avec moi. Si je me tournais sur le dos, il se tournait sur le dos, si je plongeais, il plongeait… Dans ces moments-là, je me dis : « Cette Terre est merveilleuse. La planète est belle, extraordinaire, inouïe. » Et je me sens frère de ces animaux, je sais que je fais partie du même monde, que nous sommes colocataires du même océan et de la même planète.

Un métier pour aider les animaux = océanographe avec François Sarano

Le jeune Roméo joue avec un tronc d’arbre sous la surveillance de Germine.

Vous êtes aussi connu pour avoir nagé avec des animaux qui ont mauvaise réputation...

Oui, j’ai pu nager plusieurs fois avec des requins blancs, par exemple. Et dans ces rencontres, il y a un vrai symbole : le requin, c’est celui qu’on redoute, dont on a peur. Nager avec lui, en paix, en harmonie, même s’il n’y pas de relation qui s’établit entre nous mais juste une acceptation, eh bien c’est très fort. Ça nous montre qu’entre humains aussi, on devrait pouvoir se côtoyer en paix, qu’il faut aller au-delà des idées reçues, toujours à la rencontre des autres ! 

Un métier pour aider les animaux = océanographe avec François Sarano

Être un aventurier des eaux profondes, ça ne s’invente pas !


François Sarano connaît les animaux marins depuis de nombreuses années, c’est pourquoi il sait comment les approcher. L’océanographe laisse également les animaux venir vers lui, et évite de les toucher. D’ailleurs, si on a peu d’expérience en milieu marin, le mieux est de contempler les poissons… sans les perturber !

Un métier pour aider les animaux = océanographe avec François Sarano

Longitude 181

Longitude 181 est une association fondée par Véronique et François Sarano en 2002, qui a pour objectif de protéger les océans – et leurs habitants ! Ses missions sont multiples, entre sensibilisation des plongeurs à la protection de l’environnement marin, actions auprès des gouvernements pour la protection de certaines espèces animales, ou éducation du grand public à la protection des animaux marins.

Depuis peu, l’association propose également des animations et des jeux pour les plus jeunes en milieu scolaire : c’est l’Ocean Academy !