Le voyage extraordinaire de Zarafa la girafe

Le voyage extraordinaire de Zarafa la girafe

Au 19e siècle, une girafe pose les sabots à Marseille. De son plein gré ? Comment est-elle arrivée là ? Et que va-t-elle devenir ? Voici l’incroyable histoire de Zarafa, la première girafe amenée en France.

Capturée et transportée

En octobre 1824, une girafe et ses deux petits broutent paisiblement des branches d’acacias (leur nourriture préférée !) dans la savane du Soudan, en Afrique de l’Est. Soudain, des soldats égyptiens apparaissent et tirent : la girafe s’effondre… Les deux girafons apeurés sont capturés par les soldats et amenés au pacha d’Égypte. Ce dernier en offre un au consul d’Angleterre. Il fait envoyer l’autre girafon, une femelle qu’on appelle Zarafa, au roi de France, Charles X. Ces cadeaux hors du commun servent à entretenir de bonnes relations entre les pays. Et à l’époque, peu de gens se soucient de ce que ressentent les animaux…

C’est ainsi qu’en 1826, Zarafa traverse la Méditerranée en bateau jusqu’à Marseille. Le pont en bois du bateau est aménagé pour qu’elle puisse sortir la tête de la cale. Dès son arrivée, elle fait sensation : personne ne sait quel est cet étrange animal tacheté au cou immense ! Car Zarafa est la première girafe à poser les sabots en France.

Du soleil de l’Afrique à l’hiver en France

Elle passe d’abord l’hiver à Marseille. Elle a une écurie chauffée… par la chaleur des vaches et des chevaux enfermés avec elle. Malgré la présence rassurante des autres animaux, Zarafa est inquiète. Son Afrique natale doit lui sembler bien loin : elle ne s’installe pas pour se reposer complètement et somnole debout. La girafe apprend à marcher en laisse : chaque jour, elle est promenée sous les yeux ébahis des Marseillais. Elle a six laisses autour du cou, chacune tenue par un homme ! 

On hésite sur ce qu’il faut lui donner à manger. Elle refuse le pain, l’herbe, les fruits qu’on pose par terre pour elle. Finalement, on comprend que ce qu’elle aime, ce sont les branches d’arbres situées en hauteur ! Mais comme Zarafa a été capturée très jeune et non sevrée, elle consommera toute sa vie surtout du lait de vache tiède.

La grande marche de Zarafa

Le scientifique naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire organise son voyage jusqu’à Paris. Car Zarafa fera les 880 km qui séparent Marseille de Paris à pied, enfin…. à pattes ! Quelle aventure ! Même si son nom est supposé venir du mot arabe zarafa qui signifie « marcheur rapide », et qui a donné aussi le mot « girafe », c’est une très longue marche. Pour apprendre à la connaître, Saint-Hilaire l’accompagne dans ses promenades. En prévision du voyage, il lui fait même fabriquer une cape imperméable et un bonnet ! 

En mai 1827, le convoi quitte Marseille sous la pluie. Zarafa suit toujours les deux vaches, qui deviennent ses mères de substitution. Leur compagnie la rassure et elles lui fournissent du lait. Des gendarmes, Saint-Hilaire, deux palefreniers soudanais, Atir et Hassan, et un interprète nommé Youssef conduisent les animaux. Partout, les gens viennent très nombreux pour la voir. À Lyon, on la fait passer dans des rues où elle peut brouter des arbres. Elle arrive sur la grande place Bellecour. On remplace les vaches par des gendarmes à cheval, pour maintenir la foule. Sans ses vaches, Zarafa s’affole et commence à courir ! C’est l’affolement général, mais finalement Zarafa se calme et il n’y a pas d’accident.

En ville, les gens l’acclament depuis les étages : ils sont juste à la hauteur de sa tête ! Zarafa se tient très droite, et Saint-Hilaire lui trouve une allure majestueuse. Puis, il comprend qu’elle se tient ainsi parce qu’elle a peur. Après Mâcon, il change alors d’itinéraire pour éviter les villes et la foule. Elle arrive enfin à Paris et, le 9 juillet, Zarafa rencontre Charles X. Le roi apprécie sa douceur et lui offre des pétales de rose comme friandises.

La France atteinte de girafomania

Zarafa intéresse aussi beaucoup les artistes et les artisans. On invente des personnages de carnaval façon girafe, on la peint sur la vaisselle, les femmes se coiffent « à la girafe » et portent des robes avec des tâches de girafe, les hommes nouent leurs cravates « à la girafe », on écrit une valse et un opéra en son honneur, des peintres font son portrait, etc. Partout, on parle d’elle et on retrouve sa silhouette élancée et ses tâches marron : c’est la girafomania !

Une vie à Paris

Zarafa passe ensuite sa vie en captivité au zoo du Jardin des Plantes à Paris. 600 000 personnes vont la voir lors de l’été 1827, c’est énorme ! Elle arrive à s’habituer au climat, à la foule, et même aux rugissements des lions du zoo. En 1839, une autre girafe la rejoint. Elles ont dû avoir beaucoup de choses à se raconter… par infrasons, puisque c’est comme ça que les girafes communiquent ! Zarafa meurt en 1845, à 21 ans. 

Zarafa avait bon caractère et aimait jouer. Elle était amicale envers tous, mais les chevaux et les ânes avaient peur d’elle ! Eux aussi étaient surpris par cet animal bien étrange. Zarafa était une girafe courageuse, qui a surmonté bien des épreuves.

Mais n’aurait-elle pas préféré rester vivre dans la savane avec sa mère et son frère plutôt que de venir en France et divertir les humains ?

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