Dian Fossey et les gorilles

Dian Fossey : une vie à défendre les gorilles

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(Crédit photo : Dian Fossey Gorilla Fund International)

Lorsqu’elle croise pour la première fois le regard d’un gorille, Dian Fossey comprend qu’elle veut consacrer sa vie à ces animaux et tout quitter pour vivre dans les forêts du Rwanda à leurs côtés. Courageuse, déterminée, parfois controversée, cette scientifique a fait d’importantes découvertes à leur sujet, et a mené un combat de longue haleine pour les défendre. Retour sur le parcours d’une primatologue de légende !

Un rêve : les animaux d'Afrique

Née en 1932 à San Francisco, aux États-Unis, Dian a très tôt été attirée par les animaux. En fait, elle veut même devenir vétérinaire, mais ne réussit malheureusement pas ces études car… elle n’est pas très forte en physique !

Mais cela ne décourage pas Dian, qui a un rêve : rencontrer les animaux d’Afrique. En 1963, elle observe pour la première fois un groupe de gorilles des montagnes lors d’un voyage sur ce continent. De retour aux États-Unis, Dian est fermement décidée à retourner vivre dans les montagnes africaines aux côtés de ces animaux : lorsqu’elle croise le chemin de Louis Leakey, célèbre pour ses travaux avec les grands singes, elle le convainc de l’aider à obtenir un financement pour étudier les gorilles.

En 1966, Dian retourne donc en Afrique, d’abord au Congo, puis au Rwanda, dans les montagnes des Virunga : c’est là, à plus de 3 000 mètres d’altitude, qu’elle crée le centre Karisoke, dans le parc national des Volcans. En plantant sa tente, Dian ne peut pas se douter qu’elle a fondé une station de recherche qui deviendra célèbre dans le monde entier.

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Les "Trimates"


Jane Goodall, Dian Fossey et Biruté Galdikas sont souvent surnommées les Trimates (un mot composé de « trois » et « primates »). En effet, ces jeunes femmes ont toutes trois étudié les grands singes !

Si Dian a vécu avec les gorilles, Jane Goodall est devenue une spécialiste mondialement connue des chimpanzés, et Biruté Galdikas une experte des orangs-outans.

D'importantes découvertes sur les gorilles

À cette époque, Dian Fossey n’a jamais étudié la primatologie : elle a tout à apprendre ! Il lui faut comprendre comment se déplacer dans la forêt tropicale, suivre les pistes des gorilles, ou même les identifier (ce qu’elle fait en regardant particulièrement leurs narines : chaque gorille a une « empreinte nasale » bien différente !).

Dian doit aussi apprendre à les observer : pour gagner leur confiance, la chercheuse les imite, se déplace volontiers à quatre pattes, fait semblant de manger des végétaux… ou même de tomber des arbres, pour susciter leur curiosité !

Dian ne tarde pas à bien connaître les gorilles qui habitent sur le mont Visoke : elle leur donne des noms afin de mieux pouvoir suivre leur comportement et comprendre leur personnalité. Par exemple, elle nomme le gorille à dos argenté du groupe 4 « Uncle Bert », car il ressemble beaucoup à… son oncle ! (L’oncle de Dian n’apprécie pas que le gorille ait son nom, mais pour Dian, c’est avant tout un compliment.)

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Chaque jour, dans le froid et la brume, la jeune primatologue marche des kilomètres sur les pentes abruptes et glissantes des montagnes pour retrouver les gorilles, observer leur comportement. Et chaque soir, elle passe de longues heures à mettre au propre ses notes. Un travail de longue haleine qui ne tarde pas à payer : la primatologue fait des découvertes sur les structures des familles de gorilles, ou encore sur leurs vocalisations… Et en 1976, elle obtient un doctorat en zoologie à l’université de Cambridge ! 

Les découvertes de Dian Fossey permettent aussi au grand public de changer de regard sur les gorilles : à l’époque, ces grands singes étaient perçus comme des créatures terrifiantes et dangereuses, qui hurlaient en se frappant la poitrine. Grâce aux travaux de Dian, un grand nombre de personnes ont compris que ces animaux sont intelligents et sensibles… et qu’il est important de les protéger !

Quand les gorilles deviennent des amis

Dian Fossey ne se contente pas de rapporter des observations scientifiques : elle décrit aussi les terribles conflits entre groupes rivaux et les gestes de tendresse entre animaux de la même famille, ou même les jeux des jeunes gorilles qui se lancent des fruits comme un ballon de football ou qui jouent parfois avec ses affaires : le petit Puck, par exemple, adorait observer le monde à travers les jumelles de Dian… ou déchirer ses carnets de notes, s’il arrivait à mettre la main dessus !

Dian est même devenue très proche de certains gorilles : ce fut le cas, par exemple, avec Digit, un gorille qu’elle a rencontré alors qu’il n’avait que quelques années, qui aimait s’approcher de Dian et passer du temps auprès d’elle ! Au fil des ans, Dian a pu voir Digit grandir et mûrir, et la petite boule de poils noirs devenir un gorille respecté dans sa famille.

À Karisoke, Dian rencontre aussi des humains qui viennent étudier et défendre les gorilles à ses côtés. Et bien sûr, elle est toujours entourée d’animaux : le centre de recherche est aussi le refuge de Kima, petit singe rescapé du trafic d’animaux sauvages, de la chienne Cindy, qui avait été abandonnée, et de Walter, un poulet au caractère trempé, qui aimait pardessus tout dormir sur la machine à écrire de Dian… même lorsqu’elle était en train d’y travailler !

Coco et Pucker, deux gorilles capturées

L’une des plus belles rencontres faites par Dian, à Karisoke, est sans aucun doute celle de Coco et Pucker. Ces deux jeunes gorilles avaient été capturées pour le zoo de Cologne, en Allemagne. Déshydratées et affaiblies, Coco et Pucker allaient mourir lorsque les autorités du parc ont contacté Dian. En les soignant, la primatologue avait pour objectif de leur rendre la liberté

Malheureusement, cela n’a pas été possible. Une fois guéries, Coco et Pucker ont quand même été envoyées au zoo de Cologne, et sont mortes en captivité : ne pas avoir pu leur venir en aide est l’un des plus grands regrets de Dian Fossey.

Affiche du film Gorilles dans la brume

Gorilles dans la brume : le film


En 1988, l’actrice Sigourney Weaver incarne Dian Fossey à l’écran dans Gorilles dans la brume. Ce film, qui retrace les 19 années que la primatologue a passées en Afrique, est aussi l’occasion pour son réalisateur Michael Apted de rappeler que Dian Fossey entretenait des relations conflictuelles avec nombre de locaux, pour qui la chasse était parfois l’unique source de revenus.

Pour défendre les gorilles, Dian Fossey a enfreint de nombreuses lois, et a même été condamnée.

Défendre les gorilles : une entreprise risquée

Au cours des années passées à Karisoke, Dian ne se fait pas que des amis… En voulant défendre les gorilles, elle s’oppose à de nombreuses pratiques, comme l’élevage, qui nécessite d’occuper les terres habitées par les animaux sauvages, ou le braconnage, qui consiste à chasser illégalement, notamment pour obtenir des trophées ou pour la capture d’animaux pour des parcs animaliers. Certains des gorilles qu’elle étudie, comme son ami Digit, meurent aux mains des braconniers.

La primatologue essaye de défendre les gorilles à tout prix, par exemple en donnant aux gardes du parc national un salaire plus élevé afin de les convaincre de lutter contre les braconniers, ou même en menant des patrouilles pour détruire leurs pièges. Grâce à cela, certains anciens éleveurs sont même devenus des professionnels de la découpe de collets ou de la destruction d’armes, et d’excellents défenseurs des animaux !

Mais dans les Virungas, tout le monde n’est pas d’accord avec le combat de Dian : cela lui coûtera la vie. Un matin de décembre 1985, elle est retrouvée morte dans sa cabane, assassinée. Les raisons de son meurtre n’ont jamais été élucidées, même s’il est probable qu’il s’agisse d’une vengeance des braconniers. Elle est enterrée à Karisoke, auprès des gorilles qu’elle a tant aimés.

Et aujourd'hui ?

Lorsque Dian Fossey est arrivée dans les montagnes rwandaises, les gorilles des montagnes étaient sur le point de disparaître… mais son travail acharné pour les défendre aura porté ses fruits. En attirant l’attention du monde entier sur ces grands singes, elle a permis qu’ils soient mieux protégés : alors que 70 % des grands singes dans le monde ont disparu ces dernières années, les gorilles des montagnes sont de plus en plus nombreux. IIs sont aujourd’hui 480 à vivre en sécurité dans les montagnes des Virunga, protégés par le souvenir de Dian.