Et si les chèvres étaient capables d’entendre les émotions ?
Une nouvelle étude, publiée par une équipe de chercheurs internationale, indique que les chèvres peuvent distinguer le bonheur et la tristesse dans la voix de leurs congénères, alors même que les humains n’entendent… aucune différence. Cette découverte s’ajoute à de nombreuses autres nouvelles connaissances, et nous en apprend toujours plus sur ces animaux fascinants !
Les chèvres à la loupe de l’éthologue
En effet, des scientifiques avaient déjà déterminé que les chèvres peuvent résoudre un puzzle pour obtenir de la nourriture, modifier leur attitude si un humain se tient auprès d’elles (si elles ne parviennent pas à ouvrir une boîte de nourriture qu’elles ouvrent facilement d’habitude, elles se tournent spontanément vers un humain), et même qu’elles distinguent un visage d’humain joyeux d’un visage d’humain grincheux (et qu’elles préfèrent les visages d’humains joyeux, bien sûr !).
On savait aussi que les chèvres pouvaient distinguer leurs amies de chèvres inconnues simplement en entendant leurs bêlements, mais jusqu’à cette étude récente, on ignorait encore quelles informations pouvaient être transmises par ces vocalisations !
Entendre le bonheur ou la tristesse
Pour cette nouvelle étude, les chercheurs ont travaillé avec des animaux rescapés, au refuge Buttercups Sanctuary for Goats, en Grande-Bretagne. Ils ont d’abord enregistré des bêlements lorsque les chèvres étaient dans une situation générant une émotion positive (par exemple, lorsqu’on les nourrissait, ou lorsqu’elles retrouvaient d’autres chèvres du troupeau), puis lorsqu’elles étaient dans une situation générant une émotion négative (par exemple, lorsqu’elles voyaient d’autres chèvres manger sans pouvoir manger elles-mêmes).
En faisant écouter à d’autres chèvres ces enregistrements, les chercheurs ont remarqué que les animaux font la distinction entre les bêlements « positifs » et les bêlements « négatifs » qu’elles entendent : non seulement leur attitude varie, mais un changement physiologique peut même être noté (leur rythme cardiaque s’accélère lorsqu’elles entendent un bêlement positif). Pourtant, à l’oreille humaine, aucune différence entre ces deux bêlements ne peut être perçue !
D’après l’étude, non seulement les chèvres peuvent percevoir les émotions dans les appels, mais elles peuvent aussi adapter leur comportement selon ces émotions : cela pourrait notamment leur permettre de réagir dans de nombreuses situations, par exemple quand leur vie est en danger. C’est donc une découverte d’importance, car selon Livio Favaro, l’un des chercheurs ayant participé à cette expérience, ce serait la première fois qu’une « contagion émotionnelle » serait découverte chez les animaux (en dehors des êtres humains) !
Des conditions de vie encore méconnues du public
Les chèvres sont les animaux stars des réseaux sociaux : de YouTube à Instagram, des dizaines de vidéos les montrent en train de faire du trampoline, de sauter contre un mur pour imiter des enfants, de câliner des humains ou même de voler des chaussettes sur une corde à linge ! Certains refuges accueillant des chèvres, comme le refuge Goats of Anarchy, ont des milliers de followers sur Instagram.
Pourtant, ces images sont loin de correspondre à la réalité de vie des chèvres en France : 60 % des 1,2 millions de chèvres élevées chaque année dans notre pays n’ont pas même accès aux pâturages.