Troupeau de mammouths en marche, peinture murale de Charles R. Knight, 1916, au Muséum américain d’histoire naturelle.

doit-on recréer les espèces disparues ?

Faire revivre les mammouths ? Grâce aux progrès scientifiques, certains assurent que ce serait possible ! D’ailleurs, des scientifiques travaillent pour essayer de les faire renaître, ainsi que d’autres espèces disparues. Mais est-ce que c’est vraiment possible ? Et pourquoi les recréer ? Avec Mon journal animal, on te propose de mener l’enquête.

Dolly, le premier agneau cloné

Aujourd’hui, on sait faire des copies d’un individu à partir d’une de ses cellules : ça s’appelle le clonage. En 1996, cette méthode a permis de donner vie à un agneau appelé Dolly, qui a été le tout premier animal cloné à partir de cellules d’un adulte. Pour que ça marche, il faut une cellule en très bon état. Mais c’est presque impossible à trouver quand l’espèce a disparu. Et puis, Dolly a eu beaucoup de problèmes de santé et elle est morte très jeune…

Jurassic Park, c'est pas pour demain

Grâce aux avancées scientifiques récentes, la modification génétique pourrait être une autre possibilité. C’est un peu comme dans le film Jurassic Park, où on complète l’ADN manquant de dinosaures par celui d’animaux vivant aujourd’hui. Mais d’énormes difficultés restent encore à résoudre avant que cela ne marche. Des scientifiques espèrent pourtant réussir à faire revivre plusieurs espèces disparues : mammouths, dodos, tigres de Tasmanie… Ça s’appelle la désextinction.

Auroch reconstitué broutant paisiblement.
Cet aurochs « reconstitué » est en train de brouter paisiblement, en Europe centrale.

Le (presque) retour des Aurochs

Au 20e siècle, avec la sélection génétique, on a voulu recréer des aurochs, ancêtres des vaches. Mais ces animaux sont différents des aurochs disparus : leurs cornes sont plus courtes et orientées différemment, ils sont plus petits, moins massifs, et de couleur plus claire. Et il est impossible de savoir si ces animaux ont le même tempérament que ceux de l’espèce disparue… puisqu’elle a disparu ! Des chercheurs continuent d’essayer d’améliorer leur ressemblance physique avec les aurochs, et plusieurs races ont ainsi été créées. Les plus ressemblantes sont appelées Taurus.

Des aurochs qui entretiennent des réserves naturelles

Les aurochs « reconstitués » sont très résistants. Ils supportent le mauvais temps et le froid, même sans abri. Ils donnent naissance aux veaux sans difficulté, alors que certaines races de vaches d’aujourd’hui ne peuvent plus mettre bas sans intervention humaine. Les aurochs vivent dans des espaces naturels protégés, où ils maintiennent les prairies : c’est ce qu’on appelle l’éco-pâturage. C’est en Hongrie que vivent le plus de Taurus : environ 600 individus. 

Mais d’autres races de vaches, qui existent déjà, sont aussi très résistantes. Les plus connues sont les petites vaches écossaises Highland. Elles sont très facilement reconnaissables avec leurs très longs poils et leurs grandes cornes sur le côté ! Comme les aurochs, elles entretiennent les prairies en broutant de grands espaces difficiles d’accès.

Belle vache écossaise Higland dans un pré.
Les vaches Higland sont très facilement reconnaissables avec leurs longs poils dorés et leurs grandes cornes.

Un futur troupeau de mammouths en Sibérie ?

Avant leur disparition il y a seulement 10 000 ans, des mammouths laineux vivaient en Sibérie. Des chercheurs de l’entreprise Colossal Biosciences essaient de recréer cette espèce. Ils affirment que ces énormes herbivores aideraient à entretenir et restaurer les steppes sibériennes. Ils pensent que cela lutterait aussi contre le réchauffement climatique. Mais il faudrait des milliers d’animaux pour voir un résultat… Et ça risque de prendre du temps, étant donné qu’on n’a toujours pas réussi à recréer le moindre mammouth.

Plutôt protéger les espèces d'aujourd'hui ?

Les animaux recréés devront être réintroduits dans la nature, mais le monde a beaucoup changé depuis leur disparition ! Les animaux sauvages d’aujourd’hui rencontrent de graves problèmes : destruction de leur environnement, braconnage, chasse, pollution… Les animaux recréés risquent de se retrouver avec les mêmes problèmes. Stuart Pimm, un spécialiste américain de la conservation des espèces, explique : « Il y a un réel danger à dire que si nous détruisons la nature, nous pouvons simplement la reconstituer – parce que nous ne le pouvons pas ».

Comment protègera-t-on les mammouths des braconniers, alors qu’il est déjà difficile de protéger les éléphants et les rhinocéros, tués pour leur ivoire ? En plus, la désextinction coûte très cher, et les projets ne concernent que peu d’espèces. Pour Boris Worm, biologiste canadien : « Empêcher les espèces de disparaître devrait être notre priorité. Et dans la plupart des cas, c’est beaucoup moins cher ».

Dessin de deux dodos marchant dans un chemin creux en forêt.
Comme ils n’avaient pas de prédateurs, les dodos avaient perdu la capacité de voler.

Faire revivre les dodos

Ces gros oiseaux un peu lents vivaient sur l’île Maurice. Mais ils ont tous disparu, moins de 100 ans après l’arrivée des humains sur l’île… Aujourd’hui, la firme Colossal Biosciences a déjà récolté 137 millions d’euros pour recréer des dodos. En fait, il s’agirait de créer un hybride à partir du plus proche parent du dodo : le pigeon de Nicobar. Mais ces « dodos reconstitués » seront-ils heureux dans le monde actuel ?

Et les animaux dans tout ça ?

Des personnes travaillent dur pour faire revivre des espèces, ou se battent pour sauver des espèces en danger. Mais toutes les espèces animales, sauvages ou domestiques, sont constituées d’individus sensibles. Et si on essayait avant tout de cohabiter pacifiquement avec tous les animaux qui nous entourent, quelle que soit l’espèce à laquelle ils appartiennent ?